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Le coronavirus ré-activateur de langue régionale ?

La citation du Poiré-sur-Vie, comme commune de départ du précédent courriel, nous amène à questionner Jean Mignet, notre secrétaire OPCI, Genôt lui-même. Bien entendu, notre collègue connait cette affaire et nous en fait un résumé :

Le : 19 avril 2020 à 12:22 (GMT +02:00)
De : “Jean MIGNET”
À : “envendee AREXCPO” <arexcpo.envendee@orange.fr>, “Philippe BOISSELEAU” <pboisseleau@opci-ethnodoc.fr>
Objet : audio mémé victorine
“Voici le fichier son du texte en patois réalisé par Marie-Hélène Birot dont nous avons déjà parlé

A conserver

J’ai même la vidéo mais elle fait 150 Mo

a+

Jean”

Suivi de :

“Encore moi

J’ai oublié le principal

Je répondais pour le fichier audio que je t’ai envoyé. Aucun problème pour la diffusion j’ai l’avis OK de l’auteure.

C’est un texte créé par Marie-Hélène Birot qui était prof de français au collège du Poiré et habitait à la Piltière du Poiré [sur-Vie] un village.

Son mari Armand était prof de math à St Louis avec moi.

Le patois est celui de Givrand où est née Marie Hélène, elle est la nièce de Joseph Rouillé, l’écrivain sur la Vendée.

Ils habitent maintenant à Saint-Gilles-Croix-de-Vie depuis leur retraite pas loin de chez Elisabeth. On se voit de temps en temps (avant le confinement)

La voix est celle de Claude Poirier ancien instituteur au Poiré mais originaire de Bazoges-en-Paillers ce qui peut expliquer un patois bocain mélangé avec la côte.

Je vais voir pour la date de naissance et l’adresse, de toute façon je me suis fait un dossier ou je mets tout ce que l’on m’envoie sur le confinement (du meilleur au pire) je pense que cela fera du patrimoine un jour prochain

A+

Jean”

Cette initiative d’écriture rendue publique de Marie-Hélène Birot fait suite à d’autres, notamment la publication, en 2011, d’un ouvrage sur le cancer qu’elle a vécu Demain, il fera beau. Née en 1957, cette professeure de français au collège du Puy-Chabot, au Poiré-sur-Vie, chante au sein de la chorale Chante Vie, et c’est de ce vivier que l’affaire est partie. Elle a communiqué ce texte à des membres de cette association. Puis c’est la démultiplication, certaines personnes n’hésitant pas à modifier le texte, l’orthographe, et même la signature. Cette attitude l’a vexée. Aussi, précise Claude Poirier, le narrateur de l’un des enregistrements : « Quand moi je l’ai reçu et que je lui ai proposé l’enregistrement, elle s’est dit que là, ce serait beaucoup moins facile de changer son texte. Ensuite, un de ses fils a fait les vidéos. Il y en a 2 différentes, une à usage interne où on voit le visage de sa mémé Victorine et des photos d’école la concernant. Et la deuxième, celle que j’ai diffusée où il a remplacé les photos de famille par des photos prises sur internet. »

La lecture de l’appel téléphonique de Mémé Victorine reçue de Jean Mignet est consultable sur RADdO : 085_01_2020_0043 ou Mémé Victorine et le coronavirus Les vidéos viendront, également, compléter les archives d’EthnoDoc.

L’occasion s’y prêtant, il nous a semblé naturel d’enquêter et rapporter ces précisions pour laisser une trace d’un phénomène qui s’est popularisé sans contact physique, sans support matériel, mais qui rejoint le domaine de l’oralité, sans le « de bouches à oreilles ». Cette affaire est aussi démonstratrice de la manipulation que peut opérer la population sur les textes, voire les musiques, lorsqu’il s’agit de chanson, expliquant, pour partie seulement, les versions que nous recueillons.

Les connaisseurs des variantes de la langue régionale parlée en Vendée, sauront détecter les apports que révèlent les différents terroirs. Par les connaissances et relations à sa commune que Jean entretient, on peut remarquer que cette initiative provient d’un professeur de français et que la version sonore du texte est, également, la production d’un enseignant, les dignes descendants des instituteurs de la République qui réprimandaient les écoliers qui s’exprimaient dans cette langue il y a un siècle ! « Pas étounant qu’a pension à nouzaut’ teurtou dans tio bazar », comme le fait justement remarquer la signataire « MM. »

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