L’inventaire des Gras de Douarnenez, un projet stimulant !
Le Musée de Bretagne a fait appel à l’OPCI pour réaliser une grande enquête sur les Gras afin de compléter l’exposition de Granville et Caen (carnavals étudiants) dédiée aux carnavals français et qui sera reprise à Rennes en 2025. Le musée de Bretagne souhaite ainsi ajouter à cette première mouture, plusieurs carnavals bretons et leurs spécificités, celui de Nantes (avec le savoir-faire des grosses têtes), les Gras de Douarnenez (un carnaval portuaire dont la folie sera soulignée), Scaër et Guémené (carnavals de cavalcade bisannuels). Un premier « teaser » sera d’abord proposé aux Dournenistes au Port-musée en 2024, avant d’aller à Rennes en 2025, puis de revenir en 2026 sous une forme dédiée exclusivement aux Gras au Port-musée.
Cet inventaire, partenariat entre l’OPCI, Emglev Bro Douarnenez, le comité d’animation des Gras, le Port-musée de Douarnenez et le musée de Bretagne, s’inscrit dans le programme Festimonia, programme de patrimonialisation des fêtes, porté par la FCF France et l’OPCI. Toutes les ressources produites ou collectées lors de cet inventaire seront traitées (numérisation, indexation, analyse etc.) pour être ensuite valorisées.
De grands experts et spécialistes des fêtes ont accepté de faire partie du comité de pilotage de l’inventaire des Gras de Douarnenez, dont le premier s’est tenu en visio le 29 novembre dernier : Céline Perrau, Responsable de la FCF France, porteur du programme Festimonia, Patrick Martin, Président FCF Bretagne, Caroline Troin, Auteure arrivée en 1985 à Douarnenez, elle a géré le festival de cinéma de Douarnenez et participe aux Gras depuis plus de 30 ans, Anaïs Vaillant, Ethnologue, spécialiste des traditions, des carnavals et des expérimentations pluridisciplinaires, Laurent-Sébastien Fournier, Professeur des universités, spécialiste des fêtes à l’ancienne, participe activement à la recherche et aux inventaires des fêtes et carnavals d’Europe, Céline Chanas et Fabienne Martin Adam, Responsables Inventaire et documentation des collections au Musée de Bretagne, les Champs Libres, Sarah Lemiale, Chargée des expositions au Musée de Bretagne, Clémence Mathieu, Directrice, Patrimoine du Musée international du Carnaval et du Masque de Binche, qui a fournit des masques pour l’exposition, Jean-Michel Le Boulanger, écrivain et grand expert de l’histoire locale et de l’identité des Gras auquel il participe activement, Mickaelle Jadé, Présidente du Comité d’animation des Gras depuis 2015, Kelig-Yann, Directeur du Port-musée et enfin, l’équipe d’EmglevBro, Olivier et Gildas Sergent qui mènent diverses enquêtes sur le patrimoine douarneniste.
L’enquête est conduite par Marjorie Ruggieri, anthropologue, coordinatrice du pôle recherche-inventaires de l’OPCI, avec l’appui sur place de Michel Colleu, l’un des co-fondateurs de l’Office. Les premiers entretiens confirment l’originalité de ce carnaval fortement lié à la maritimité dont on trouve les premières traces dans un arrêté préfectoral de 1835 ! Aux Gras, les rituels sont nombreux et chaque Douarneniste a son ou ses préférés comme celui de « la Noce » par exemple. Ceux liés au « Den Paoling » (indices sur son identité, intronisation, embrasement) montrent une figure métaphorique évolutive qui est passée, en quelques décennies, de personnage détesté et noyé à une figure carnavalesque honorée qui finit brûlé dans un feu de joie! Le rite de l’intrigue a également fortement marqué les Gras et ce jusque dans les années 1980. Les Gras apparaissent comme « une organisation désorganisée », « un moment de liberté absolu », « une bulle à part et hors du temps » où tous les Douarnenistes « font les Gras » et non « assistent aux Gras » ! Contrairement à d’autres carnavals, les thèmes des chars et des défilants ne sont pas imposés, la censure y est beaucoup moins présente et l’on y retrouve l’essence même du carnaval à savoir : le désordre, le monde à l’envers et la transgression, le temps d’une semaine ! Les Gras 2023 auront lieu du 18 février au 23 février, alors préparez vos fourrures !